Aujourd’hui, je vous propose d’analyser d’un peu plus près les stratégies des partis politiques en périodes électorales. Vous allez le voir, une telle analyse peut-être riche en enseignements et pourra probablement modifier votre façon de voir les choses (du moins vis-à-vis d’un tel sujet).
D’un point de vu démocratique, les élus sont censés représenter le peuple dans toute sa diversité. Or, comme nous le savons tous, nous en sommes très loin. La raison en est simple : L’objectif des partis politiques n’est pas de se faire élire par l’ensemble du peuple ! Je m’explique.
Les partis politiques ne sont pas des associations humanitaires cherchant à recruter le plus possible de donateurs en les sensibilisant aux problèmes qu’elles travaillent à résoudre. « On ne peut pas plaire à tout le monde », cette réponse très niaise est pourtant à l’origine du choix stratégique adopté par l’ensemble des partis. En effet, en voulant être trop consensuel et plaire à la grande majorité, vous finissez par ne toucher personne et c’est justement ce que les politiques souhaitent éviter car, si vous n’atteignez pas votre public comment voulez-vous qu’il s’intéresse à vous ?
Cibler pour gagner
Ainsi, afin de toucher et surtout engager politiquement un groupe d’individus, il faut donc corroborer pleinement avec sa vision du monde. Un syndicaliste ne vit pas dans le même univers qu’un chef d’entreprise, chacun d’eux ont des besoins et désirs différents. En outre, il y a fort à parier que les valeurs auxquelles ils sont attachés soient de natures différentes. Dès lors, comment voulez-vous toucher l’un et l’autre alors que leur vision du monde est totalement différente ?
Plutôt que d’essayer de contenter et rassembler des univers différents, les partis préfèrent donc se focaliser sur des groupes ayant une vision du monde semblable.
Voici donc pourquoi il vous semble inconcevable de voter pour certains partis politiques : tout simplement parce que leurs idées et propositions sont en opposition avec votre système de valeur et votre propre paradigme. J’irais même plus loin en disant que c’est tout à fait logique car vous n’êtes pas le public visé. Ils ne veulent pas de votre vote car cela signifierait qu’ils n’ont pas réussit à créer une cohérence et une unité avec leurs véritables cibles.
Maintenant, l’enjeu stratégique pour les partis est d’arriver à cerner quel sont les plus gros groupes d’individus à cibler et pouvant tous se rallier à un même idéal politique. Par exemple, dans les années 90, la droite Chiraquienne a beaucoup œuvrer afin de s’attirer la sympathie des agriculteurs et ce, en déployant une politique favorable à leur réalité. Aujourd’hui, la droite actuelle délaisse complètement cet électorat car le groupe électoral que composent désormais les agriculteurs est trop faible pour peser réellement dans la balance (triste choix politique impactant désormais sur l’avenir de l’agriculture française).
La pouvoir du troisième homme
Comme nous l’avons vu précédemment, plus un parti souhaite plaire à un large public et moins il devient engageant. Voilà pourquoi, les partis ne se focalisent que sur des groupes bien ciblés d’individus. Cette stratégie peu être suffisante pour dépasser le 1er tour d’une élection, mais après ! Lors d’un second tour, il n’y a plus que deux partis en lice, alors comment rassembler d’autres groupes rejetés auparavant ?
C’est à ce stade que viennent dans la balance les fameuses consignes de votes. Ainsi, plutôt que d’essayer de rallier un groupe tout entier à sa cause, il est bien plus efficace de convaincre leur leader. Voici donc pourquoi, le « 3ème homme du premier tour » devient le point d’intérêt de tous. En effet, derrière cet homme se trouve désormais un groupe important.
Bien que certains si essayent, séduire ce groupe est très difficile car, en arborant leurs idées, on peut par la même, perdre des électeurs acquis (qui ne retrouvent désormais plus au travers du parti leur vision du monde). L’idée est donc de séduire le fameux troisième homme qui, en leader d’opinion, pourra plus aisément convaincre son électorat de voter pour une solution de secours.
On comprend ainsi mieux l’importance des tentatives d’alliances entre le PS et les verts ou bien, en 2007, la grande séduction des candidats Sarkozy et Royal dans le but de faire battre d’amour le cœur du leader Bayrou.
Papa, comment faire grossir mon parti ?
En politique nous retrouvons de nombreuses similitudes avec l’univers du marketing. Ainsi, aujourd’hui, vous vous retrouvez avec deux gros partis dominant et, gravitant autour d’eux, des plus petits partis ciblés sur des « marchés de niches », c’est à dire des petits groupes.
C’est ainsi que l’on retrouve des partis tels le CPNT (Chasse, Pêche, nature et Traditions), les verts, le NPA ou bien le FN, chacun ayant son électorat. Certains très restreints mais fidèles car congruent avec les idées des partis.
Comment un tel type de parti pourrait-il réellement rivaliser avec les grands ? En arrivant à élargir son groupe ce qui est très difficile car, de par leur spécificité, ils touchent des groupes assez petits. L’idée pour grossir, serait d’arriver à une taille acceptable afin d’avoir du poids et être entendu. Ensuite, une fois cette taille atteinte, le parti commencerait à rendre son discours un peu moins radical dans le but de rallier un plus grand nombre à sa cause. Une telle manœuvre lui ferait indéniablement perdre certains fidèles de la première heure mais, ce n’est pas grave, le gain étant hautement plus intéressant.
Cet exemple est typiquement ce qui est en train de se passer avec le FN version fille à papa. Désormais, le parti, qui a déjà une taille considérable, souhaite monter en puissance. Pour cela, il lui faut donc séduire un groupe plus grand et donc moins ciblé, quitte à perdre les électeurs des premiers temps.
Gageons pour que cette tentative de séduction n’aille pas trop loin, sinon, je ne donne pas cher de notre pays. Mais bon tout cela est encore un autre sujet…
J’espère que cet article aura pu vous aider à comprendre pourquoi certains partis politiques ne recherchent pas à ce que vous votiez pour eux et, plus encore, quelles sont les véritables stratégies électorales mises en jeu. N’oubliez pas, la séduction en politique est une histoire d’émotions, si vous vibrez ou vous sentez irrités par certains candidats alors cela veux dire qu’ils ont déjà atteint une partie de leur objectif : engager leur public. Dès lors, vous êtes sûr que vous n’aurez pas fini d’entendre parler d’eux…
Enfin, si l’article et le sujet traité vous ont intéressé, n’hésitez pas à le mentionner en commentaire car j’ai encore pas mal d’autres sujets connexes dont je pourrais également vous parler. 😉
Crédit Photo : davidwallace – Flickr
Tiens je n’avais pas compris ton titre comme ça, je pensais plus a certains partis dont le programme est tellement léger que s’ils étaient élus demain… Les pauvres seraient dans une m***** noire puisqu’ils seraient soudainement obligés d’avouer qu’ils ne se sont jamais vu arriver assez loin pour construire un projet politique digne de ce nom (si une telle chose existe bien sûr)
Néanmoins ton article est un bon article et on ne peut qu’adhérer à l’idée général.
Merci Nico 🙂
Merci Mohamed,
oui, c’est vrai que l’on pourrait faire de ce point un autre article : Pourquoi les programmes politiques sont des pages de ventes et non de véritables projets ? 😀
« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutes » C’est à se demander si cette citation n’est pas une devise pour certains :/
bonjour Nicolas,
Très instructif ton billet. Si je t’ai bien suivi, j’émets l’hypothèse, que c’est une stratégie électorale, la naissance « du nouveau centre » afin de « récupérer » des électeurs du « Modem » au deuxième tour des présidentielles ?
Merci Emma,
Concernant le Nouveau Centre, c’est très bien vu et je n’y avais même pas pensé. Effectivement, cela rejoint la stratégie de récupération des électeurs Modem car il est désormais clair que Bayrou ne les donnera à personne.
Merci beaucoup pour cette analyse brillante: à sa lecture on se dit « c’est limpide, pourquoi je n’y avais jamais pensé en ces termes ». Par ailleurs, c’est rare un vrai article d’opinion sur un blog de développement personnel, bravo!
Merci Valh 🙂
J’avais vraiment besoin de partager mon avis sur ce sujet. D’ailleurs, n’est-ce pas un des but du développement personnel, affirmer ses opinions et les assumer 😉
Bonjour,
article tout à fait intéressant.
Pour ma part, il est tout à fait pertienet, étant dirigeant d’un parti politique en Afrique. En fait il nous fait refléchir sur des informations que certains d’entre nous savaient mais auxquelles ils ne faisaient pas attention.
Bonjour Mousami,
C’est vraiment intéressant au vu de votre expérience d’avoir un tel retour.
pour le Nouveau Centre
ce que vous dite et faux car le NC a plus d’élus que au modeme locallement et national il et le deuxiéme partie de la majorité donc il et plus important que le modeme
Ce que vous dites n’a rien à voir avec l’article.
À ce propos, peut-être que si le nouveau centre à autant de mal à se faire une place sur l’échiquier politique (en comparaison du Modem) c’est probablement car leur position est justement un peu trop floue.
À quel profil d’électeurs s’adresse le Nouveau Centre ? Personnellement, je ne sais pas…