Aujourd’hui, au travers de cet article invité aussi complet que passionnant, j’ai le plaisir d’accueillir Hervé Petit, psychologue à Nantes et également auteur de blog psychologie. Dans cet article, Hervé va vous parler d’autodiscipline avec une approche très scientifique et à contre-courant de bon nombre d’idées reçues. Je vous laisse ainsi découvrir tout cela par vous-même :
S’il est une idée tenace en développement personnel, c’est bien celle des bienfaits immodérés de l’autodiscipline.
Que ce soit en travaillant avec acharnement à réaliser ses rêves ou en appliquant avec constance un certain nombre de méthodes de motivation, de recadrage, de définition d’objectif, de recodage d’expériences, la règle est la règle. Le succès se paie par un effort discipliné et la satisfaction différée de ses désirs.
Simple question de bon sens.
Quoique.
Quand on y regarde de plus près à l’aide d’outils scientifique, cela devient un peu plus compliqué, et quelques surprises surgissent, lesquelles sont généralement mauvaises et contre-intuitives [1].
Comprendre…
Première constatation : la capacité à s’imposer quelque chose comporte deux faces
Ces deux faces sont le trait et l’état [2].
- Le trait d’autodiscipline est une caractéristique de personnalité [3], stable, et interpersonnelle, c’est-à-dire qu’elle diffère selon les individus. Chez certains, et tant mieux pour eux, ce trait est très marqué ; moins chez d’autres.
- L’état d’autodiscipline est la capacité que l’on a à la mobiliser au temps t. Cette capacité est intrapersonnelle : elle varie dans le temps chez un même individu.
Si vous voulez une analogie, le trait est la taille du réservoir (qui diffère selon les gens) et l’état est le volume de liquide qu’il contient (plus on l’utilise moins il y en a, il varie en conséquence dans le temps). Ces deux dimensions sont donc liées, puisqu’un grand réservoir contient un plus grand volume de liquide utilisable.
Seconde constatation : avoir un grand réservoir d’autodiscipline a de nombreuses conséquences positives.
Ainsi a-t-il été démontré que l’autodiscipline-trait est associée à une meilleure réussite scolaire et universitaire [4, 5], domaine dans lequel elle est par ailleurs un meilleur prédicteur que le quotient intellectuel [6]. Les personnes ayant une autodiscipline-trait marquée ont également plus de succès professionnels [2].
Au niveau relationnel ils ont des relations de couple plus stables et plus satisfaisantes [2], ce qui induit une cascade d’effets salutaires sur la santé et la résistance à la maladie, y compris le cancer [7] et les troubles cardiovasculaires [8]. L’explication est qu’ils gèrent mieux les tensions en instaurant le dialogue avec le conjoint plutôt qu’en l’évitant ou en se séparant [9].
Leur stabilité émotionnelle en bénéficie aussi : moins d’agressivité, de colère ou d’aigreur. En conséquence sont-ils moins susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété, de troubles alimentaires, d’alcoolisme, voire de troubles psychotiques [2].
Dans ce sens, il semble bon de glorifier l’autodiscipline. Mais deux remarques s’imposent
Tout d’abord le trait n’est pas modifiable et plonge en partie ses racines dans la génétique de l’individu (le tempérament de persévérance est héritable [10, 11]. Aussi, contrairement à ce qui nous est trop souvent vendu en développement personnel, les individus parvenant à exiger d’eux-mêmes régulièrement et au long cours ne s’appuient pas sur des méthodes de motivation plus efficaces mais sur leur bienheureux bagage génétique.
La seconde remarque est qu’ils le paient par des émotions plus arasées [12] et par un coût social. Ce dernier provient du fait que ces personnes sont perçues comme moins spontanées, moins extraverties et plus fermées à de nouvelles expériences [13], ce qui les handicape dans la création de liens d’amitié.
Troisième constatation : mobiliser son autodiscipline-état en limite temporairement l’usage.
La comparaison fréquemment faite dans la littérature scientifique est celle du muscle [14]. Si vous le mobilisez, vous le fatiguez. Il perdra donc de son efficacité juste après.
Ainsi constate-t-on que toute tâche qui demande de se maîtriser induit une chute de performance dans les tâches qui suivent si elles demandent de se contrôler, même si elles n’ont rien à voir avec la première. Ainsi, se retenir de manifester une émotion en regardant un film drôle ou triste altère significativement la performance à un test cognitif [15] comme à un test d’endurance physique [16].
Vous allez me dire que cela n’a pas l’air bien méchant. Cependant on démontre expérimentalement qu’après avoir utilisé l’autodiscipline les gens tendent à dépenser de manière plus impulsive [17], à transgresser leur régime [18, 19], à avoir des comportements sexuels inappropriés [20], à répondre agressivement à la provocation [21, 22], à faire mauvaise impression quand ils souhaitent l’effet inverse [23], à être plus facilement convaincu par des arguments fallacieux [24] ou à être plus vulnérable aux pensées morbides et plus anxieux face à la mort [25].
En outre, se forcer malgré tout à enchaîner les tâches demandant de l’autodiscipline aggrave de plus en plus vite les performances et retarde d’autant le retour aux ressources optimales [26].
Enfin les coûts de l’utilisation de l’autodiscipline se font aussi sentir dans certaines tâches qui ne demandent pourtant pas de faire appel au contrôle, telle la prise de décision [15, 27]. Avoir eu besoin de se maîtriser préalablement augmente ainsi la tendance à répondre passivement quand une décision doit être prise ou à faire un choix extrême inapproprié, ou absurde.
L’explication de ce phénomène est que les tâches qui demandent de se maîtriser sont neurologiquement très complexes et donc très gourmandes en énergie. Elles induisent ainsi au niveau cérébral une chute du taux de glucose sanguin [28], laquelle altère les performances attentionnelles et celles des systèmes inconscients de contrôle de l’action [29, 30]. En d’autres mots : quand on joue à un jeu de dernière génération sur le PC, le chargement des videos sur Youtube rame un peu.
Ne confondez pas avec la sensation de fatigue, que nous savons tous avoir un impact sur les performances. Ici le risque est maximal dans les dix minutes suivant la tâche et s’aggrave en cas de poursuite des efforts. Cela est d’autant plus pernicieux qu’à l’inverse de la fatigue, aucun indice ni ressenti ne nous informe de la situation.
Quatrième constatation : on ne sait pas encore comment augmenter son autodiscipline-état durablement
La conviction selon laquelle l’entraînement régulier permet d’augmenter son autodiscipline donne des résultats inconséquents. Parfois cela semble marcher, voire avoir des effets salutaires dans des domaines connexes [31], parfois non [32]. De puissants facteurs sous-jacents semblent intervenir sans que les études de laboratoires ne soient encore parvenues à les élucider.
Donc en l’état actuel des recherches, promouvoir l’entraînement régulier à l’autodiscipline en vue d’augmenter son efficacité quotidienne demeure un postulat. Rien ne dit que cela fonctionne de telle ou telle façon, dans tel ou tel domaine, ni sur n’importe qui.
Cinquième constatation : il est possible de gérer stratégiquement ses ressources d’autodiscipline-état
Savoir que vous attendent plusieurs tâches successives devant être menées avec discipline permet d’investir moins de ressources dans la première qu’on ne le ferait si elle était seule [33]. Même si ce résultat diffère selon les individus, il est donc possible de s’économiser pour répartir plus harmonieusement ses capacités à faire des efforts selon les circonstances pour peu qu’on les connaisse à l’avance.
…se connaître…
Considérant cela, la première chose que je peux vous conseiller est d’évaluer votre autodiscipline-trait.
Ce n’est pas obligatoire puisque les conseils pratiques que je vous donnerai sont applicables à tout le monde. Cependant, plus votre autodiscipline-trait est faible, et plus il y a des chances que vous ayez des ressources modestes vous rendant fréquemment vulnérable aux effets négatifs d’une première mobilisation de vos forces.
Afin de vous auto-évaluer, je vous ai traduit ci-après la version courte du questionnaire utilisé dans la majorité des études [2]. La traduction vous semblera sans doute un peu moche parfois, désolé. Le but n’est pas de faire du Shakespeare et j’espère que vous me pardonnerez.
Prêtez attention au fait que ce questionnaire est très sensible au biais de désirabilité sociale. Cela signifie que les personnes qui souhaitent donner d’eux une bonne image ou qui sont avides de se voir d’une manière valorisée ont tendance à artificiellement gonfler leurs réponses dans le sens « autodiscipliné ». C’est une situation extrêmement fréquente que l’on contrôle en ajoutant des questions qui mesurent cette tendance, ce qui était impossible dans le cadre d’un article de blog. Surveillez-vous et répondez sincèrement, en fonction de ce que vous ressentez réellement en vous.
Pour chaque question, indiquez dans quelle mesure la phrase s’applique à vous avec une note allant de 1 à 5 avec : 1 = Pas du tout et 5 = Tout à fait.
1. Je résiste bien à la tentation
2. J’ai du mal à me débarrasser de mes mauvaises habitudes *
3. Je suis paresseux *
4. J’ai des propos inappropriés *
5. Je fais certaines choses qui sont mauvaises pour moi si elles m’amusent *
6. Je refuse ce qui est mauvais pour moi
7. J’aimerais avoir plus d’autodiscipline *
8. Les gens diraient que j’ai une autodiscipline de fer
9. M’amuser m’amène parfois à ne pas finir mon travail *
10. J’ai des difficultés à me concentrer *
11. Je suis capable de travailler efficacement à des buts à long terme
12. Parfois je ne peux pas m’empêcher de continuer quelque chose, même si je sais que c’est une erreur *
13. J’agis souvent sans penser à toutes les alternatives *
Codez toutes vos réponses de 1 à 5. Les questions portant l’astérisque sont des items inversés. Dans ce cas si vous avez répondu 1, votre score à la question est de 5, si vous avez répondu 2, il est de 4, 3 donne 3, 4 donne 2 et 5 donne 1.
Faites la somme totale. Votre score varie entre 13 et 65.
Pour information, les personnes répondant à ce questionnaire dans les études de Tangeney et ses collègues [2] obtiennent un résultat moyen de 39,5 environ. Considérant les écarts-types, vous faites approximativement partie des 5% les plus bas si vous êtes en dessous de 25 et des 5% les plus hauts au-dessus de 53. Ces deux cas indiquent un résultat potentiellement biaisé, soit par la désirabilité sociale, soit par l’autodévalorisation.
…pour mieux agir
Je vous avais prévenu que cela tempérait quelque peu les enthousiasmes. Cependant, puisque c’est avec cela que l’on doit se débrouiller, comment faire au mieux ?
Les conseils adaptés sont les suivants :
- n’exigez pas trop de vous d’un coup
- réservez votre énergie pour les tâches importantes
- fonctionnez au maximum sur la base d’habitudes
- si vous venez de gérer quelque chose vous ayant demandé beaucoup d’efforts de discipline évitez ou différez si possible
- les autres tâches nécessitant des efforts de volonté soutenus
- les prises de décision importantes
- les situations interpersonnelles tendues ou stressantes (évaluations)
- si cela n’est pas possible, faites fondre préalablement un sucre sous votre langue ou prenez une boisson sucrée (surtout pas de boisson light ou de faux sucre de type stevia/aspartame cela aggraverait le phénomène). Cela a l’air ridicule mais c’est une manœuvre dont l’efficacité est expérimentalement démontrée [28, 34].
- si plusieurs efforts de ce type vous attendent, n’engagez pas trop de force de volonté dans les premiers de peur de voir vos performances drastiquement chuter pour les suivantes
- prenez si nécessaire de la distance avec les méthodes de productivité incitant aux efforts continus. Ceux-ci ne sont que peu applicables si vous n’avez pas une autodiscipline-trait marquée. Dans le cas contraire elles vous desservent en vous conduisant à des stratégies inadaptées pour vous induisant échecs potentiels et dévalorisation de soi. C’est ce qui explique que la très grande majorité des gens l’ayant essayée ont fini par abandonner la méthode GTD. Sont également à risque l’utilisation apparemment anodine d’outils de type to do list qui amènent à enchaîner les unes après les autres les tâches demandant des efforts à un rythme soutenu empêchant la remontée du glucose sanguin.
- prenez également du recul si nécessaire en regard des conseils de développement personnel
- incitant à l’exercice régulier de l’autodiscipline en vue d’augmenter son efficacité. En l’absence de preuves scientifiques et de résultats contradictoires, faites confiance à votre bon sens et à ce que vous ressentez effectivement. Si cela marche pour vous, continuez, sinon ne persévérez pas.
- incitant perpétuellement à la motivation. En effet, l’altération des ressources d’autodiscipline touche à la fois la volonté à l’utiliser et la capacité à l’utiliser. Or, si l’incitation à la motivation permet de retrouver la volonté d’agir, elle n’a pas d’impact sur la capacité à le faire. En conséquence, les incitations à la motivation conduisent à agir quand même et donc à dépenser une ressource de plus en plus limitée, aggravant ainsi considérablement la situation [35].
En conclusion de cet article qui, je l’espère, trouvera pour vous quelque intérêt pratique, une petite mise en garde clinique.
S’il est naturel de désirer améliorer ses performances et sa maîtrise de son environnement, cette recherche ne doit pas se faire au détriment du plaisir et de la variété d’expérience que la vie peut offrir ni de sa capacité à lâcher prise ou à accepter l’inévitable. Etre capable d’une persévérance à toute épreuve est une chance, certes. Mais être persévérant sur tout ou rechercher de manière obsessionnelle à acquérir une autodiscipline de fer est inadapté et peut potentiellement faire le lit de troubles anxieux et/ou dépressifs.
Le bonheur c’est aussi se sentir nul, paresseux, et faible à l’occasion.
[1] Baumeister, R., & Alquist, J. (2009). Is there a Downside to Good Self-Control ? Self and Identity, 8, 15-130.
[2] Tangney, J. P., Baumeister, R. F., & Boone, A. L. (2004). High self-control predicts good adjustment, less pathology, better grades, and interpersonal success. Journal of Personality, 72, 271–324.
[3] Roberts, B. W., Walton, K., & Bogg, T. (2005). Conscientiousness and health across the life course. Review of General Psychology, 9, 156–168.
[4] Mischel, W., Shoda, Y., & Peake, P. K. (1988). The nature of adolescent competencies predicted by preschool delay of gratification. Journal of Personality and Social Psychology, 54, 687–696.
[5] Shoda, Y., Mischel, W., & Peake, P. K. (1990). Predicting adolescent cognitive and self regulatory competencies from preschool delay of gratification: Identifying diagnostic conditions. Developmental Psychology, 26, 978–986.
[6] Duckworth, A. L., & Seligman, M. E. P. (2005). Self-discipline out-does IQ in predicting academic performance of adolescents. Psychological Science, 16, 939–944.
[7] Goodwin, J. S., Hunt, W. C., Key, C. R., & Samet, J. M. (1987). The effect of marital status on stage, treatment, and survival of cancer patients. Journal of the American Medical Association, 258, 3125–3130.
[8] Lynch, J. J. (1979). The broken heart: The medical consequences of loneliness. New York: Basic Books.
[9] Finkel, E. J., & Campbell, W. K. (2001). Self-control and accommodation in close relationships: An interdependence analysis. Journal of Personality and Social Psychology, 81, 263–277.
[10] Cloninger, S.C. (1998). The genetics and psychobiology of the seven factor model of personality. In K.R. Silk, Biology of Personality Disorders, Washington: APA.
[11] Cloninger. S.C. (1999). La personnalité. Paris : Flammarion Médecine.
[12] Zabelina, D. L., Robinson, M. D., & Anicha, C. L. (2007). The psychological tradeoffs of selfcontrol: A multi-method investigation. Personality and Individual Differences, 43, 463–473.
[13] Stillman, T. F., & Alquist, J. L. (2007). The perception of five-factor differences in unusual acquaintances. Manuscript in preparation, cited by Baumeister & Alquist (2009).
[14] Muraven, M. R., & Baumeister, R. E. (2000). Self-regulation and depletion of limited resources: Does self-control resemble a muscle. Psychological Bulletin, 126, 247–259.
[15] Baumeister, R. F., Bratslavsky, E., Muraven, M., & Tice, D. M. (1998). Ego depletion:Is the active self a limited resource. Journal of Personality and Social Psychology, 74,1252–1265.
[16] Muraven, M., Tice, D. M., & Baumeister, R. F. (1998). Self-control as limited resource: Regulatory depletion patterns. Journal of Personality and Social Psychology, 74, 774–789.
[17] Vohs, K. D., & Faber, R. J. (2007). Spent resources: Self-regulatory resource availability affects impulse buying. Journal of Consumer Research, 33, 537–547.
[18] Kahan, D., Polivy, J., & Herman, C. P. (2003). Conformity and dietary disinhibition: A test of the ego-strength model of self-regulation. International Journal of Eating Disorders, 32, 165–171.
[19] Vohs, K. D., & Heatherton, T. F. (2000). Self-regulatory failure: A resource-depletion approach. Psychological Science, 11, 249–254.
[20] Gailliot, M. T., & Baumeister, R. F. (2007). Self-regulation and sexual restraint: Dispositionally and temporarily poor self-regulatory abilities contribute to failures at restraining sexual behavior. Personality and Social Psychology Bulletin, 33, 173–186.
[21] DeWall, C. N., Baumeister, R. F., Stillman, T. F., & Gailliot, M. T. (2007). Violence restrained: Effects of self-regulation and its depletion on aggression. Journal of Experimental Social Psychology, 43, 62–76.
[22] Stucke, T. S., & Baumeister, R. F. (2006). Ego depletion and aggressive behavior: Is the inhibition of aggression a limited resource? European Journal of Social Psychology, 36, 1–13.
[23] Vohs, K. D., Baumeister, R. F., & Ciarocco, N. J. (2005). Self-regulation and self-presentation: Regulatory resource depletion impairs impression management and effortful self-presentation depletes regulatory resources. Journal of Personality and Social Psychology, 88, 632–657.
[24] Wheeler, S. C., Brinol, P., & Hermann, A. D. (2007). Resistance to persuasion as selfregulation:
Ego-depletion and its effects on attitude changes processes. Journal of Experimental Social Psychology, 43, 150–156.
[25] Gailliot, M.T., Schmeichel, B.J., Baumeister, R.F. (2006). Self-Regulatory Processes Defend Against the Threat of Death: Effects of Self-Control Depletion and Trait Self-Control on Thoughts and Fears of Dying. Journal of Personality and Social Psychology, 91, 1, 49–62
[26] Muraven, M., & Slessareva, E. (2003). Mechanisms of self-control failure: Motivation and limited resources. Personality and Social Psychology Bulletin, 29, 894–906.
[27] Vohs, K. D., Baumeister, R. F., Schmeichel, B. J., Twenge, J. M., Nelson, N. M., & Tice, D. M. (2008). Making choices impairs subsequent self-control: A limited resource account of decision making. Journal of Personality and Social Psychology, 94, 883–898.
[28] Gailliot, M. T., Baumeister, R. F., DeWall, C. N., Maner, J. K., Plant, E. A., Tice, D. M., et al. (2007). Self-control relies on glucose as a limited energy source: Willpower is more than a metaphor. Journal of Personality and Social Psychology, 92, 325–336.
[29] Inzlicht, M., & Gutsell, J. N. (2007). Running on empty: Neural signals for self-control failure. Psychological Science, 18, 933–937.
[30] Nieuwenhuis, S., Ridderinkhof, K. R., Blom, J., Band, G. P. H., & Kok, A. (2001). Error-related brain potentials are differentially related to awareness of response errors: Evidence from an antisaccade task. Psychophysiology, 38, 752–760.
[31] Oaten, M., & Cheng, K. (2007). Improvements in self-control from financial monitoring. Journal of Economic Psychology, 28, 487–501.
[32] Baumeister, R. F., Gailliot, M., DeWall, C. N., & Oaten, M. (2006). Self-regulation and personality: How interventions increase regulatory success, and how depletion moderates the effects of traits on behavior. Journal of Personality, 74, 1773–1801.
[33] Muraven, M., Shmueli, D., & Burkley, E. (2006). Conserving self-control strength. Journal of Personality and Social Psychology, 91, 524–537.
[34] Masicampo, E. J., & Baumeister, R. F. (2008). Toward a physiology of dual-process reasoning and judgment: Lemonade, willpower, and effortful rule-based analysis. Psychological Science, 19, 255–260.
[35] Muraven, M., & Slessareva, E. (2003). Mechanisms of self-control failure: Motivation and limited resources. Personality and Social Psychology Bulletin, 29, 894–906.
Crédit photo : SDWelch1031
À Propos de l’auteur
Hervé Petit est psychologue à Nantes. Il anime blog psychologie où il apporte tant les réponses de la psychologie scientifique que des outils directement opérationnels pour dépasser les petits et gros tracas de la vie. Par exemple :
Etes-vous perfectionniste ? (et si oui, comment vous en sortir) ?
Etes-vous Iron Man ?
Hello Nicolas et Hervé,
Un article qui sort du cadre commun ou du moins différent de tout ce qu’on a l’habitude de lire sur les blogs de développement personnel.
Disons, que la surabondance de l’information nous met finalement dans l’embarras du choix. Mais tu as su résumé la solution en disant ceci: « En l’absence de preuves scientifiques et de résultats contradictoires, faites confiance à votre bon sens et à ce que vous ressentez effectivement. Si cela marche pour vous, continuez, sinon ne persévérez pas. »
Merci pour le partage.
Bien amicalement,
Olivier
Bonjour Hervé !
Je profite de ton article pour croiser à nouveau le fer avec toi.
ça m’ennuie parce que j’ai l’impression que tu suggère que la méthode GTD astreint à enchaîner tâches demandant des efforts à un rythme soutenu empêchant la remontée du glucose sanguin.
Personnellement, je pense faire de mes listes GTD un outil de procrastination. Je note les choses à faire… pour les faire plus tard… à un moment où je suis motivé ou à un moment fixé par l’habitude (par ex les coups de téléphone tous les jours entre 13h30 et 14h). Où décider de ne pas les faire. La GTD me permet de hiérarchiser mes priorités !
Cette utilisation basée sur la procrastination, le regroupement des tâches et la suppression des tâches à faible valeur ajoutée, m’a permis d’être très productif, d’atteindre mes objectifs, et surtout m’a finalement guidé vers un projet qui n’aurait jamais vu le jour sans : autoéditer un livre par mois.
Reste à dire que la GTD et toute technique de production ne vaut rien si on ne la couple avec une définition de ses priorités (ferme et souple à la fois) et une concentration sur les tâches liées aux priorités. Mais tout ceci est écrit noir sur blanc dans le livre de David Allen.
Je n’ai rien contre la GTD, et se créer des listes permettant d’aligner des tâches rapido n’est pas un problème en soi. Cela ne le devient que si celles-ci demandent de se forcer à les faire. C’est l’exercice soutenu de l’autodiscipline qui est contre-productif, et non la recherche de productivité en elle-même.
Donc en ce qui concerne la hiérarchisation des priorités, si celle-ci te permet de te centrer sur des tâches enthousiasmantes que tu fais par désir plus que par contrainte, cela permet d’y être efficace y compris à un rythme soutenu. Mais cette efficacité ne relève pas de la hiérarchisation des priorités, elle est une conséquence du caractère plus plaisant des tâches sur lesquelles tu as le désir de te centrer.
nous devons être trés attentif à nos pensées.Nous sommes ce que nous pensons.Votre méthode est bonne,mais nous obtenons exactement ce que nous ressentons.
Comment définissez vous l’autodiscipline?
En psychologie cognitive l’autodiscipline se définit comme la capacité à différer l’obtention d’une satisfaction immédiate en vue d’obtenir postérieurement une satisfaction plus élevée. L’exemple de base étant « tu veux un gâteau maintenant ou deux gâteaux plus tard ».
Ensuite, libre à vous de mettre ce qui vous parle le plus derrière ce concept dont chacun a sa propre vision et sa propre expérience, mais cela ne cadrera plus nécessairement avec les études citées dans cet article.
Bonjour Hervé !
Article très très intéressant.
J’aime beaucoup le fait de souligner l’importance de gestion de son énergie.
Par contre je pense que sur le bagage génétique, il faut resté nuancé : oui les gênes peuvent influencer nos comportements, mais peut-on le mesurer concrètement, quantitativement ?
Peut-on dire que les gènes auront une plus forte influence sur nos comportements que notre environnement et/ou notre éducation ?
Si les gènes ont une influence, il faut aussi faire attention à ce que cela ne devienne pas une excuse pour ne pas essayer quelque chose de nouveau.
En tant qu’être humain, et malgré nos dispositions naturelles, nous avons toujours le choix (même si cela peut demander un petit travail sur l’éveil de sa conscience quand même).
Mais sinon, je suis d’accord sur les conclusions, et notamment :
– n’exigez pas trop de vous d’un coup
– réservez votre énergie pour les tâches importantes
– fonctionnez au maximum sur la base d’habitudes
Ce sont ces idées que l’on prend comme base pour la méthode des 30 jours (lorsque l’on veut mettre en place une nouvelle habitude). On change, on utilise son auto-discipline mais à petite dose, sans vider son énergie.
(l’auto-discipline est donc quand même nécessaire à un certain niveau, quand on veut changer quelque chose)
Et d’accord aussi avec le conseil de prendre un peu de distance avec les méthodes toutes faites de gestion du temps.
Il faut les tester, et si elles fonctionnent bien, tant mieux (généralement, si elles sont connues c’est qu’elles sont bien conçues, testées et approuvées), mais sinon, il ne faut pas hésiter à tester autre chose, combiner certaines choses des méthodes que l’on teste pour créer peu à peu sa propre méthode, et ne pas hésiter à en changer, à la faire évoluer.
Il n’y a pas une méthode qui fonctionne pour tout le monde à ce niveau (ou elle n’existe pas encore).
On aurait aussi pu parler du fait que auto-discipline est très négativement connoté (par la présence du mot « discipline »). Je préfère généralement parler de la gestion de sa volonté, même si ce n’est sans doute pas tout à fait la même chose. 🙂
Merci pour l’article !
Benoît
J’ai été un peu rapide, désolé pour les coquilles.
mMrci de ce commentaire très détaillé.
La question de la part de l’hérédité dans la personnalité est loin d’être simple, cependant, oui, il est possible de la chiffrer. Ne pas le faire n’a d’ailleurs aucun sens car les méthodes reposent sur des modèles mathématiques. Et ainsi sait-on par exemple, qu’en ce qui concerne les cinq grands traits de personnalité dont dérivent tous les autres, la part héritable varie de 28 à 46% dans une étude de Loehlin. Mais ça bouge selon les outils utilisés pour mesurer la personnalité. ça monte parfois plus haut (39 à 58% ; 50%, etc, selon les études).
De nombreuses approches existent : comparaison des coefficients de corrélation obtenus sur un trait entre jumeaux monozygotes/dizygotes, études sur les enfants adoptés (qui ressemblent à leurs parents en raison du milieu mais non de leur génétique), études statistiques des gènes parents par analyse de la variabilité abstraite multiple…
Cependant, attention, la génétique ne détermine rien. Elle ne fait qu’ouvrir des potentialités actualisées – ou non – par l’environnement et qui diffèrent de plus selon les individus. Ainsi :
1) Certains traits, bien que présents génétiquement peuvent parfaitement ne pas s’exprimer dans certains milieux.
2) L’influence de l’hérédité sur l’expression du trait augmente avec la pression du milieu incitant à son expression
3) Les effets de l’hérédité peuvent varier avec l’âge
4) L’expression d’un gène lié à la personnalité n’aura pas nécessairement le même effet sur les personnes qui le présentent (car on a d’autres gènes qui interagissent et qui diffèrent selon les individus)
Je suis donc tout à fait d’accord avec ce que tu dis, à savoir que le bagage génétique n’est pas une excuse à invoquer pour ne pas essayer quelque chose de nouveau. Car même avec un bagage peu favorisant ça peut remonter ; et que d’autre part on ne peut pas savoir a priori si l’on ne bénéficie pas d’une génétique favorisante.
C’est en fait toujours la même chose : il faut savoir raison garder et évaluer à l’usage si une méthode nous convient ou pas. La juste appréhension de ses capacités est un dosage subtil entre augmentation du contrôle et acceptation des limites.
Merci pour la réponse détaillée et les pourcentages. Très instructif.
Benoît
article très intéressant. ça remonte un peu le moral à une personne aussi auto-indisciplinée que moi(et j’en souffre énormément). le problème, comment pouvoir « élargir sa zone de confort » (très prisé par la communauté du Développement personnel), sans auto-discipline? il y a des choses que je souhaiterai entreprendre, mai dès que je me rappelle qu’il faut s’engager sur la voie, et on ne s’engage pa sans auto-disipline, je suis découragé. dès qu’il est question de rigueur, ma motivation baisse d’un cran. je peux citer un exemple (et ils sont nombreux dans mon cas): je souhaiterais apprendre la conduite, mais j’ai une peur panique des voiture (des accidents de voiture). je sais que tous les gens qui ont appris à conduire sont passés par bcp de lessons de conduite accompagnée, régulièrement. il faut conduire pour apprendre à conduire. pour ma part, les lessons de conduite sont une corvée (elles engagent toute mon attention, et c très éprouvant) au bout de deux trois quatre leçon je laisse tomber (par manque d’autodiscipline entre autre, et la peur, mai la peur peut être surmontée par l’auto-discipline)