Comprendre et décoder le langage non-Verbal – Interview de Romain Collignon

Selon une célèbre étude d’Albert Mehrabian (professeur émérite de psychologie), lorsque vous communiquez, le langage de votre corps influe à 55% sur la qualité de votre message.

Bien que cette donnée est à relativiser, elle n’en est pas moins pertinente pour mettre en évidence l’importance capitale de votre communication non-verbale.

Seulement voilà, tout petit vous appreniez à bien parler et, dans certains cursus scolaires à maitriser votre voix pour devenir plus éloquent. Pourtant, malgré son impact crucial, je ne connais à ce jour aucun cursus permettant de vous apprendre à maitriser votre communication non-verbale.

Voilà pourquoi, j’ai décidé d’interviewer pour vous un des rares experts français en communication non-verbale : Romain Collignon (Formateur en communication non-verbale et auteur du blog Décodeur du Non-Verbal).

Découvrez tout de suite comment améliorer votre communication et décoder le non-verbal en écoutant ci-dessous les conseils de Romain :

Pour aller plus loin dans votre compréhension, découvrez ici le blog de Romain Collignon :
Décodeur du Non-Verbal

Transcription de l’interview Romain Collignon – Décodeur du non-Verbal :

Nicolas Pène : Bonjour à tous et bienvenue pour cette nouvelle interview. Aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir un expert à communication verbale puisque ça va être le sujet de cette interview. Cet expert s’appelle Romain Collignon. Bonjour Romain!

Romain Collignon : Salut Nicolas, salut à tous.

Nicolas Pène : Donc pour commencer est-ce que tu peux te présenter un petit peu, nous dire ce que tu es ce que tu fais et ton rapport non verbal.

Romain Collignon : Ok, je te remercie Nicolas, je m’appelle Romain Collignon et sur le web on me connait plus sous le pseudonyme de « le décodeur non- verbal ». C’est un blog à l’origine que j’ai lancé en 2011 et sur lequel je partage mon expertise mais mon parcours dans l’apprentissage de la communication verbale du langage du corps,  et à la base donc une question qu’on peut souvent demander : quelle est ta formation pour parler de la communication non verbale du langage du corps. À la base se sont des personnes qui parlent sur ce sujet sont des psychologues et des sociologues, et moi je ne suis pas de ce genre. Je suis un ingénieur physicien, c’est un sujet qui ma beaucoup intéressé à une période où je faisais du développement personnel. Comme en France, sur le web francophone y avait très peu de sites ou de blog qui parlaient du sujet, je me suis dit ça peut être intéressant de partager mon parcours, mon apprentissage de la communication non verbal sur un blog et c’est comme ça que j’ai lancé ce blog et maintenant depuis le début, depuis 2011 et bien ça a pris de jolies proportions. Voila pour la présentation, j’ai fait à peu près le tour. Au moins j’ai essayé de mettre un contour à ma présentation.

Nicolas Pène : Ok, super. De toute façon on a le temps d’y revenir, pour avoir plus d’infos. Je te réserve des petites questions vis-à-vis de ça. J’aurais tout d’abord une première question qui va surtout intéresser fortement nos auditeurs qui est :   Qu’est ce que le non verbale ?   C’est quoi et quel est l’intérêt de s’intéresser au non verbal ?

Romain Collignon : C’est une  bonne question. La communication non verbale peut prendre plusieurs noms, typologies on peut appeler ça le langage du corps, le langage corporel, si on emprunter à la langue de Schekspear  ça va être le bodylanguge. Derrière tous ces noms là, c’est simplement un vecteur  de communication, on a l’habitude lorsque on communique de se focaliser sur les mots, leurs teneurs, sur les phrases qu’on emploie. Et en fait, lorsque deux personnes  communiquent  y a aussi tout un message qui est communiqué par la gestuelle. La communication non verbale c’est décoder la gestuelle de  son interlocuteur pour mieux comprendre finalement sa communication,  au delà des mots qu’on emploi. On a tendance à porter peu d’importance à la gestuelle, mais finalement très important, il y a un psychologique américain émérite, maintenant il doit être à la retraite, il s’appelle Albert Mehrabian, qui a étudié dans une communication interpersonnelle, entre deux personnes,  l’influence du  canal  verbal : les mots qu’on emploie, du canal vocal : l’intonation et du canal visuel : tout ce qui est  expression faciale, gestuelle. Il a vraiment mis en évidence que la communication non verbale joue un rôle  très important dans le vecteur qu’on communique.

Nicolas Pène : C’est intéressant  aussi que tu parles de ça parce qu’il y a donc la communication verbale, le non verbal et le para verbale. Le verbal c’est les mots qu’on donne, le contexte et c’est vrai qu’après plus important et c’est ça que beaucoup de personnes oublient, c’est le para verbal c’est-à-dire l’intonation, le volume de voix et ce genre de chose après comme tu dis, voilà, le non verbal : la façon de faire par exemple quand je dis je suis très content d’être ici (Alain, croise les bras sur son torse en ayant l’air fermé).

Romain Collignon : Là je pense que ton sourire derrière montre que finalement, la conversation te réjouit plutôt. Non ?

Nicolas : Oui c’est vrai que je suis zen, c’est très intéressant, et c’est pour ça que je voulais t’interviewer. Parce que, justement, tu as pas mal de clés à nous apporter qui sont intéressante vis à vis de ça et pour arriver, à mieux comprendre cette partie non verbale.

Romain : Alors justement, tiens, si je vais apporter une clé tout de suite c’est-à-dire que j’ai amené le sujet de la communication verbale selon un angle d’attaque qui est : décoder la gestuelle de l’autre. C’est vrai que c’est plutôt efficace pour développer ce côté empathique pour savoir ce que les autres pensent, savoir ce qu’ils ressentent mais aussi le second coté qui est finalement sa propre gestuelle. A savoir quelle est la gestuelle qui impacte ? Tout à l’heure tu montrais l’exemple, tu vois, du truc dans ta chaise d’avoir les bras croisés, qui est un ensemble de gestes qui a tendance à montrer que tu n’es pas à l’aise à cette situation, mais il suffit d’avoir une gestuelle qui impacte comme un sourire, comme une attitude ouverte, se redresser sur la chaise ça me donne une attitude ça va faire que je serais plus à l’aise dans la conversation. Tout ça aussi c’est important, ces deux facettes de la communication non verbale, avoir une gestuelle positive et savoir aussi décoder la gestuelle de l’autre. On a tendance à l’oublier. C’est pour cela que je préfère en parler.

Nicolas : Mais moi, c’était plus, initialement quand j’ai commencé à m’intéresser au non verbale c’était plus la gestuelle de soi-même. Là aussi, c’est un peu mes déformations  liées à mon expertise PNL, puisque justement, ne serait-ce que l’impact du non verbal sur le mental, rien que ça déjà, pas forcément vis-à-vis des autres, mais surtout si on sourit, on se tient droit … là déjà notre état d’esprit n’est pas du tout le même. Rien que ça, c’est très intéressant.

Romain : Ca c’est d’un coté, une des facettes de la PNL puisque des fois quand j’explique, puisque je suis formateur, que je bloque sur la communication verbale, on me dit : « Ah tu fais de la PNL ! » ce qui n’est pas complètement faux mais pas complètement vrai non plus, parce que dans la PNL, il y a une facette qui consiste en du non verbal, justement pour faire des ancrages pour avoir un état d’esprit positif par rapport à sa gestuelle et pouvoir le faire consciemment. La PNL est une partie du non verbale. Par exemple : je vais juste donner l’exemple des clients avec qui je travaille ; des psychologues, des thérapeutes qui utilisent la communication verbale pour mieux comprendre leurs patients, pour savoir effectivement qu’est ce qu’ils ressentent, qu’est ce qui se passe dans leurs têtes ? Ces patients là ne le disent pas forcément avec les mots, donc la communication verbale pour eux ça va décoder le non verbal et un outil d’aide aussi à la décision et un outil d’aide avec  leurs patients. Donc, effectivement, il y a pas mal de domaines ou on peut utiliser la communication non verbale.

Nicolas : Ça me fait toujours penser aussi avec les mouvements des yeux, aux joueurs de pokers qu’on voit toujours avec des lunettes noirs pour ne pas arriver à déterminer les émotions, savoir ce qu’ils pensent. Alors, peut être tu peux nous éclairer un peu là-dessus et m’éclairer moi-même ! Pour moi la fameuse histoire des lunettes de soleil pour les joueurs des pokers, je me disais c’est surtout par rapport aux mouvements des yeux, savoir, justement, s’ils sont plus dans l’imagination ou plus dans la réflexion, la recherche de souvenir, donc de savoir si la personne est en train de mentir ou justement dit la vérité. Est ce que tu dirais que c’est juste ça ou est ce que tu dirais qu’il y a d’autres choses supplémentaires.

Romain : Là je crois que tu viens de mettre le doigt sur l’un des plus gros mythes du non verbal, c’est-à-dire, auquel j’ai très longtemps cru aussi, parce que on a tendance à dire qu’une personne qui va se remémorer un souvenir, dans le cas de détection du mensonge, va avoir tendance du coup a regarder par là (Romain, indique la direction haut – gauche), alors, je ne sais pas si c’est inversé avec la caméra ! Et finalement quelque chose qu’il va inventer, quelque chose qu’il va créer, construire sa sera de l’autre coté, donc du mensonge. J’ai d’ailleurs posté un article sur le sujet sur le blog récemment, en allant chercher toutes les ressources scientifiques, toutes les contributions dans la littérature scientifique autours de ce sujet là qui montrent que finalement c’est du 50% – 50%. Il n’y a pas forcement de critère de véracité derrière la détection du mensonge et derrière le regard. C’est un truc qu’on voit assez souvent, notamment, quand on demande à quelqu’un : « comment tu peux détecter le mensonge chez les gens ? » Il va te dire : la direction des yeux. Enfin, c’est quelque chose qui revient assez souvent, mais ce n’est pas à prendre en compte.

Nicolas : Déjà, le fait de l’inversement. Il y a certaines personnes qui vont chercher dans leurs souvenirs, avoir une tendance à regarder en haut à gauche, d’autres en haut à droite.

Romain : Effectivement, puis même quand tu fais une analyse de la communication non verbale de quelqu’un  il ne faut pas rester focalisé sur un seul geste. C’est l’un des plus grandes erreurs. C’est-à-dire, pour avoir une vision complète, de l’état d’esprit d’une personne. Il faut chercher deux, trois indices qui vont dans le même sens. C’est ce qu’on appel une analyse en Cluster et ce que toi tu disais : «  les gens ont tendance à … »  c’est ce qu’on appel la ligne de référence. C’est-à-dire, c’est intéressant de savoir ; comment se comporte dans telle ou telle situation la personne ? Pour justement savoir, si par exemple, je dis quelque chose qui te gène, tu as tendance à te masser la nuque ! Et bien, si tu le fais très souvent, ce n’est pas un indice pour me dire que ce que je t’ai dit est gênant pour toi. Par contre si tu ne le fais jamais, et je pense que tu ne le fais jamais, de toute façon depuis qu’on discute, tu ne l’a pas fait.

Nicolas : Je ne sais pas (Nicolas se masse la nuque en souriant)        

Romain : Ah, voilà, je te mets mal à l’aise. Voilà, tu vois c’est sur deux choses ?  Au-delà de regarder un seul geste, il faut regarder plusieurs, pour cette analyse en Cluster : plus tu en as, qui vont dans le même sens plus tu auras une analyse correcte et aussi tu vas voir comment la personne se comporte dans son état normal, pour voir, si ce que tu observe est lié à la situation ou lié à la personne dans son état normale.

Nicolas : Justement, ça me vient à te poser une question, au niveau de l’aspect sociologique. Parce que j’ai vu que ça arrive forcément, quand tu vois les différences culturelles en fonction des personnes ça a un impact sur notre gestuelle. Mais, Comment tu arrives à analyser la communication non verbale et est ce que tu prends en compte cet  aspect sociologique par rapport le gestuelle de la personne ?

Romain : La communication non verbale relève d’un caractère, relativement, universel. Tout simplement parce que, notre cerveau est programmé, notre gestuelle est très liés à notre comportement primitif modulo certaines questions culturelles, après en occident, on partage certaines notions.

Par exemple, le cas d’école typique c’est le Japon, où ces populations dans les villes qui ont leurs propres codes qui ne sont pas partagés par d’autres civilisations ou d’autres régions du monde. Mais ça reste 80 – 90% la même gestuelle. L’un des premiers à avoir mis le doigt sur ce comportement de la gestuelle  c’est Darwin, au 19éme siècle, dans son bouquin : « L’expression des émotions chez les hommes et les animaux », a commencé  à montrer les émotions sur le visage des gens. ces émotions là, elles sont universelles, il y’en a qui ont été étudiées par un psychologue américain qui s’appelle Paul Ekman, qui est très connu. Si vous ne connaissez pas Ekman, vous connaissez certainement la série « Lie to me » qui est consacrée au non verbale et il était le consultant pour cette série. Pour répondre à ta question, le gestuel est quand même partagé d’une manière relativement universelle et les différences culturelles sont minimes dans ces cas là.

Nicolas : Il y a toujours une batterie de gestes, d’expression…

Romain : Exactement, puis dans la vie de tous les jours ça le rend marginal. On a tendance quand même, à interagir avec des personnes qui nous ressemblent au final.

Nicolas : Déjà, là tu soulèves un point très important. C’est le coté de la similitude. C’est-à-dire qu’inconsciemment, on va avoir un comportement, une façon d’agir, d’être qui va pour être assez en corrélation en similitude vis-à-vis d’autres personnes, son entourage, son univers sociologique.

Romain : Oui. Ça c’est une facette du non verbale, moi j’aime bien appeler ça l’effet caméléon, il y a plein d’autres termes, qui consiste, qu’on a tendance inconsciemment à adopter la même gestuelle, les mêmes comportements que les gens qui sont proches de nous. Alors là je vois qu’on a la même chemise, tu vois, on blogue tous les deux, et même si on ne s’est jamais rencontrés en live, on, a quand même interagit. Et voilà même dans nos vêtements, sans s’être concertés, on a cette similitude à 600 – 700 km l’un de l’autre.

Nicolas : C’est vrai, c’est très bien vu

Romain : Donc, effectivement tu as raison, on a tendance d’adopter la gestuelle des gens qui nous entourent et inversement, on influence d’autres personnes avec notre gestuelle.

Nicolas : Au niveau de l’étude d’une personne, tous les signaux sont importants sur la gestuelle, les mêmes mouvements des mains, les expressions du visage… Est ce qu’il y a des canaux qui sont plus prépondérants que d’autres ? Par exemple, est ce que tu vas plus t’intéresser à l’attitude corporelle ou au visage, Est-ce qu’il y a une ou plusieurs choses qui sont à regarder en premier par rapport à d’autres.

Romain : Ta question est très intéressante, parce que derrière la gestuelle, j’ai l’impression qu’on regarde toujours les mains ou ce genre de choses. En fait, tu as pas mal de sections différentes. Tout à l’heure, je te parlais de Darwin, d’Ekman, on parlait d’expressions faciales, des émotions, ça c’est idéal ; les émotions se voient sur le visage. Après on peut aussi trouver une gestuelle très précise, tu vois, cette gestuelle qu’on appel le steeple, c’est clocher en anglais. En fait, j’a les mains clochées. Typiquement, tu va voir beaucoup des hommes politiques lorsqu’ils vont faire un  discours adopter ce geste parce que, c’est une gestuelle qui est en soi dit aux autres personnes qui regardent, que j’ai confiance en ce que je dis, j’ai confiance en moi. Il y a des gestes comme ça qui ont une signification bien précise mais si on veut rapidement décoder l’état émotionnel de quelqu’un, c’est assez relativement simple. Typiquement, dans notre cerveau, la personne en est gouvernée par quelque chose de très simple. C’est-à-dire qu’on va chercher le sentiment de bien être ; on va avoir tendance à chercher des choses qui nous plaisent, qui apportent des émotions positives et on a tendance à repousser tout ce qui nous provoque de l’inconfort, tout ce qui a tendance à nous nuire ou à nous apporter des émotions négatives. Et ça, on peut le voir très facilement dans la gestuelle, typiquement, quelque chose que j’aime beaucoup regarder, c’est la direction du corps. Imagine, deux personnes qui parlent ensembles ; le patron et un employé, il est 19h, l’employé doit partir pour aller chercher ses enfants… forcément, il a beau discuter avec son patron mais tu verras c’est le pied aller vers la direction de la sortie. Tu vois ? Ce genre de chose parce que son corps dit : la situation confortable c’est de rester là avec ton patron parce que je discute, mais derrière le cerveau, il dit, il faut que j’aille chercher mais enfants et donc même si son corps reste là à discuter, ses pieds vont dans la direction de la sortie. Donc ça c’est un vecteur ou on ne parle pas de gestuelle, mais d’attitude corporelle qui consiste à regarder la direction des pieds.

Nicolas : D’accord, c’est très intéressant. Et aussi peut être inconsciemment, on a envie d’envoyer ce message là à l’interlocuteur.

Romain : Exactement, et par exemple, si le patron est sympa, il voit ça, il dit : « Là je vois que tu es pressé, on en parlera demain ». Là, j’ai pris un cliché : le patron et son employé. Mais même dans la vie de tous les jours c’est toujours intéressant de voir les situations qui apportent de l’inconfort aux personnes pour essayer de changer ça et les situations qui leur apportent du bien-être pour continuer à leur en apporter. Il y a une chose que je regarde souvent, qui est, si le corps est pris par la gravité ou au contraire est léger. Le poids du corps. Son corps est lourd lorsqu’on reçoit des émotions négatives : si tu vas en soirée, que tu vois quelqu’un qui est dans le canapé, qui est un petit peu avachi…, ce n’est pas la personne qui est droite qui va danser, ou ce genre de chose. Cette personne là, j’ai tendance à aller la voir, lui parler, la booster, savoir ce qui ce passe.. Et c’est toujours intéressant pour la personne qui était dans cette situation d’inconfort de pouvoir changer état d’esprit. Pour moi, l’utilisation première du nom verbale c’est d’essayer de développer ce côté empathique, de compréhension de l’autre.

Nicolas : Pour améliorer la communication, comprendre ce que ressent la personne, comprendre le coté émotionnel pour arriver à être plus en accord et arriver à l’aider un petit peu plus. C’est super. Tu parlais de personnes avachies, ça me fait penser à un exemple. A moi, il y a un truc que j’ai toujours eu du mal à comprendre : c’est que normalement, quand tu es affalé, avachi dans ton canapé, comment tu l’analyses ?

Romain : Un geste, je ne peux pas comprendre, je ne peux pas forcément comprendre, ce qu’il signifie, et même une posture. Toujours essayer de coupler, la personne avachi, c’est une chose, si elle est fermée sur elle-même en est une autre, ces deux indices montrent une situation d’inconfort. Par exemple, on dit souvent que les bras croisés, est un signe d’inconfort, moi je ne suis pas d’accord, parce qu’une personne qui va être droite, qui va juste avoir les bras croisés parce qu’elle est à l’aise comme ça, Voilà c’est indice ! Par contre, s’il commence à être triste ! Là tu as, bras croisés et tristesse, deux indices d’inconforts qui montrent que cette personne est dans une situation d’inconfort. Il faut essayer de coupler, si on fait une analyse d’un geste et une analyse d’une posture, on essaye de coupler pour voir s’il n’ya pas d’autres éléments qui entrent en comptent et qui résonnent avec la première observation.

Nicolas : Pour revenir au fond de mon idée, c’est que j’ai remarqué qu’à chaque fois que tu voyais Al Pacino sur des interviews ou dans les films, il est avachi de chez avachi !! et pourtant, il rayonne toujours, il a toujours confiance en lui et c’est justement ça que je n’arrivais pas à déterminer. Est-ce que ça contribue au fait qu’il développe et dégage une grande confiance en lui ou est ce que le reste du comportement non verbale fait qu’on oublie cette composante là ?

Romain : Après c’est aussi une question de ligne de référence dont on parlait tout à l’heure. Si Al Pacino est toujours dans cette attitude avachi, ça fait partie de son répertoire tout simplement. Mais si par contre, c’est quel qu’un d’autre qui n’a pas l’habitude d’être comme ça, là, c’est intéressant de se poser la question.

Nicolas : Ça, on le voit beaucoup, il y a des personnes qui sont faussement à l’aise ou cool, en adoptant des attitudes qui ne sont pas dans leurs répertoires. Un autre point important c’est la congruence. La congruence : entre les gestes et ce qu’on dit, et on en voit beaucoup en politique. Et justement le fait de ne pas être congruent c’est pire que d’avoir la posture qui est adéquate avec le message qu’on porte.

Romain : Au-delà du fait de décoder la gestuelle d’une manière efficace quand on a un ami qui n’est pas bien, et on le sent, et que la personne te dit que je vais bien ! Mais au fond on le sent, que ça ne va pas. On le sent dans l’intonation, la gestuelle et c’est pour ça qu’on décode le non verbale sans le vouloir.

Nicolas : Justement, je vais revenir à une question. Là on a vu ton expertise et ta passion pour le sujet, mais qu’est ce qui a fait qu’initialement, « Romain » est rentré la dedans ? Qu’est ce qui a fait que tu as apporté autant d’énergie, d’envie, d’enthousiasme ?

Romain : Une très bonne question, d’ailleurs, je l’ai survolée tout à l’heure dans la présentation. A la base, je suis ingénieur physicien, j’ai d’ailleurs, travaillé dans la Campanie de la recherche pendant quelques années et en école d’ingénieurs, je n’étais pas forcément doué pour les relations. Et je me suis intéressé beaucoup du développement personnel. J’ai lu énormément de livre, justement sur la PNL, Anthony Robbins, je crois que c’était mon premier livre. J’ai enchainé sur des livres sur des confiances en soi, sur la productivité… et sur la communication non verbale. Et quand j’ai commencé à lire ces ouvrages, je me suis dit, c’est magique ! On peut savoir ce que les autres pensent, sans avoir à leur demander. Quand j’ai commencé à ouvrir les bouquins francophones à l’époque, je ne m’y retrouvais pas. Pour moi, c’est farfelu, c’est un peu tiré par les cheveux, il n’y avait pas de sources scientifiques ! de travail validé par des pairs ! Moi je suis physicien et ce genre de chose me tient à cœur et j’ai juste trouvé des ressources intéressantes en anglais, chez les américains et les canadiens, qui pour moi raisonnaient parce qu’il y avait derrière du travail scientifique fait par des psychologues, des sociologues et vérifié par des psychologues, des sociologues. Je me suis dit, si je souhaite vraiment  me former sur le sujet, je vais tout simplement lancer le blog. C’est comme ça que le blogue « Le décodeur non verbale » a été créé. C’est qu’au départ je partageais ce que j’apprenais et de fil en aiguille, plus j’apprenais, plus j’ai envie de partager et plus je partageais, plus je développais cette expertise et à un moment on m’a même demandé de former et c’est comme ça que maintenant, je forme à la communication non verbale. Tout simplement, c’était juste cette notion de partage, qui est d’ailleurs encore bien présente, qui m’a poussée à continuer et à partager des choses qui n’étaient pas accessibles sur le web francophone.

Nicolas : D’accord. C’est vrai, pour en revenir aux bouquins francophones, je vois tout à fait ce que tu veux dire. C’est vrai que le point clé que tu as souligné, celui du fait qu’un geste n’est pas associé à une émotion on retrouvait ça sur certains livres.

Romain : Après, il y a certains gestes que finalement, oui, sont dans ce cadre là, mais pas tous finalement. Voilà, donc moi, sur le blog, vraiment je prône une ouverture parce que tu as différentes écoles. Par exemple, si tu as mal au dos, tu vas voir un ostéopathe, tu peux aller voir un Kiné, un médecin même … et finalement, tu as différentes façons de soigner ton mal de dos. Dans le non verbale, c’est pareil, tu as différentes approches, et moi par exemple j’aime beaucoup l’approche anthropologique : l’approche de l’étude des animaux. Comment nos réactions, notre gestuelle est liée à notre cerveau ? Mais ce cerveau on le partage aussi avec d’autres mammifères, même le cerveau reptilien qu’on partage avec les reptiles. On a même certains comportements, comme par exemple de fuite que j’ai expliqué avec les pieds tout à l’heure qui sont ancrés chez les animaux et les hommes. Donc, tu vois j’aime beaucoup cette approche anthropologique du non verbale. 

Nicolas : D’accord. C’est très intéressant. En plus, ce qu’il y a avec le cerveau reptilien, c’est quelque chose qui est instinctif, et comme tu disais ; des comportements de fuites ou d’attaques. Les comportements par défaut.

Romain : Ça c’est vrai. Le cerveau limbique ou le système limbique qui est concerné. Tout ce qui est cerveau reptilien, ça peut gérer tout ce qui est rythme cardiaque, respiration… c’est vraiment la base de la survie du corps humain. C’est une couche qui a été créé après qu’on appel le système limbique. Enfin le deuxième que je viens de parler, est construit sur le premier, il y a quand même des connexions.

Nicolas : C’est super, heureusement que tu es là pour des éléments d’expertise, concrets et scientifiques, et c’est ça que j’apprécie aussi sur ton travail, et ta méthode. C’est comment tu cherches toujours à avoir quelque chose de plus carré possible et ne pas rester sur des théories, des idées ou des acquis et aller creuser vraiment plus loin.

Romain : Oui le blog c’est mon jardin d’expérimentation.

Nicolas : Ce qui est chouette, c’est que tu as un travail d’acquisition de compétences, de mise en application, puis après, tu as ce qu’on appel « méta compétence », c’est-à-dire, que tu apprends à expliquer les choses aux personnes. C’est une autre forme d’apprentissage qui est vraiment géniale parce que ça apprend à vraiment décomposer les choses et à arriver à trouver les fondamentaux et les bases.

Romain : Il y a une maxime latine qui dit en gros : celui qui enseigne apprend. Et je l’ai constaté en enseignant sur le blog, j’ai appris énormément et plus tu enseignes plus tu apprends, c’est pourquoi que je continu toujours. Parce qu’en faisant des recherches, en synthétisant les informations, en les testant, les partageant … en ayant les retours des lecteurs et client sur ce genre de chose. On apprend toujours, pour pouvoir mieux transmettre. Et c’est ce que tu fais aussi sur ton blog, et j’imagine que toi aussi dans ta transmission, tu as appris.

Nicolas : Oui complètement, et là encore plus. Le fait de former, coacher, d’être confronté à des problématiques bien particulières qui t’obligent à chercher plus loin et à voir vraiment si les choses tiennent la route ou comment les adapter à différents cas. C’est vrai que sur le blog, on rediffuse, on réapprend, on ré-enseigne les choses mais on reste focalisé sur qu’on a appris sois et sur notre expérience et celle des autres, alors que là on passe sur un domaine et du coup c’est chouette. Je pense qu’on a fait pas mal le tour. Déjà, merci pour ces conseils, ce que tu nous as appris, c’est vraiment super. Pour finir, est-ce que tu aurais un dernier conseil ou un petit truc qui puisse aider nos pour nos lecteurs, auditeurs, à soit mieux comprendre le non verbale ou à avoir une expression non verbale, un tout petit peu améliorée.

Romain : Mon conseil pour décoder le non verbale c’est l’étude en Cluster c’est-à-dire, ne pas se focaliser sur un seul geste et dire : « Ah ! Il s’est gratté le nez. Il ment ! » ça non ça ne marche pas. C’est de regarder un ensemble de gestes qui vers la même direction, vers la même signification. Si vous faites : Un geste = Une signification c’est le meilleur moyen de se planter. Ça sera mon conseil, et si vous souhaitez me relancer sur le blog ou poser vos questions sous l’interview.

Nicolas : Je vous encourage vivement à découvrir le blog de Romain : Décodeur du non-verbal. De toutes façons vous avez toutes les infos sous la vidéo, tous les liens, donc allez y. Bon, Romain, je te remercie pour tout. C’était vraiment une super interview, ou on a appris pas mal de choses.

Romain : J’espère que j’étais clair et je te remercie Nicolas.

Nicolas : Tout à fait, c’était clair. D’ailleurs, j’invite tout le monde à mettre en application les conseils de Romain et à s’intéresser au non verbal. A bientôt Romain Et quant à moi je vous dis à bientôt pour une autre interview et d’autres vidéos. Excellente journée à vous et à plus.

1 comment

  1. Je suis un débutant dans ce domaine et j’ai une question par apport au marketing internet et « non verbal » – est-ce que d’après toi, Romain,  il est mieux de faire des pages de vente écrites,  si on n’est pas trop bien en vidéo?  Quels sont les gestes a éviter lors des vidéos? 
    Nicolas
    Ps
    Merci d’avoir publié la transcription. On gagne du temps en lisant vite 😉

Comments are closed.